Nav' Bonaire - San Blas et réception de luxe !
6,5 jours pour parcourir les 600 milles qui relient Bonaire aux San Blas. Un grand
éventail de conditions et d’escales pour avaler cette navigation qui nous remet bien
vite dans le grand bain de ce fameux tour du monde, version marine. En effet, après
avoir expliqué lors de notre retour en France que notre vie de « marins » était essentiellement
composée de mouillages avec un minimum de navigations, il a quand même bien fallu
nous y recoller, histoire d’avancer un peu, vers l’Ouest !
5 nuits en mer et 2 au mouillage, pour une alternance de fatigue et de repos, surveillés
par une pleine lune qui nous accompagne du coucher au lever du soleil, compréhensive
avec cette reprise difficile. Les conditions sont variables, entre 8 et 35 nœuds
de vent, nous sortons toute la garde robe, et les manœuvres de prises de ris et d’empannage
de la grand voile se multiplient, alors que l’option voile en ciseau nous permet
de tirer quasiment tout droit, poussés par le vent arrière et les vagues.
4 pays accostés : partis de Bonaire et en règle avec l’immigration sortante, nous
avons pu apprécier les spécialités tex-mex d’un resto d’hôtel sur la côte nord-ouest
d’Aruba (hollandaise mais indépendante, et visiblement lieu de villégiature pour
les américains). Puis c’est la Colombie, avec un mouillage venté sur le spot de planche
de Cabo de la Vela, option soirée crêpes à bord, puis 24 heures de calme dans la
baie de Santa Marta, option poulet grillé et arepas. La dernière étape de 48h nous
même tout droit sur Panama et sa côte abritant un chapelet d’îles enchanteresses,
les San Blas, où nos copains de Milo One et des Pascaux nous attendent. Un grand
merci aux Pascaux qui nous ont accueillis à notre arrivée, après un plouf bien mérité,
pour un petit déjeuner version pancakes sur leur catamaran !
Nous voici donc aux San Blas, dont les mails amicaux nous ont vantés les kilos de
poisson, les eaux turquoises, les mouillages à partager, les indiens kunas. Nous
ne sommes pas déçus. L’archipel est constitué de plus de 300 îles, incluant langues
de sable blanc, piscines naturelles, et cocotiers à volonté. C’est beau ! Quelques-unes
sont habités par les indiens kunas, présents bien avant les bateaux de voyage, qui
vivent du tourisme et de la pêche, dans des cabanes sans eau potable ni électricité,
mais qui ont visiblement bien compris ce que cette forme de tourisme pouvait leur
apporter. Très gentils, baragouinant l’espagnol et quelques mots d’anglais, nous
sommes mouillés depuis quelques heures quand la première pirogue nous accoste.
Il s’agit de payer les 5 dollars d’accès à l’île la plus proche, et à quelques autres
sans doute, nous découvrirons les limites de cette taxe quand il faudra payer la
prochaine … La 2ème pirogue est plus chargée : la grand-mère, 3 enfants, les parents,
et … les molas (tissus cousus qui forment de jolis motifs colorés) et les bracelets,
spécialités locales ancestrales qui font des souvenirs auxquels il est difficile
d’échapper. S’ensuit une longue négociation, d’autant plus que nous préférons le
troc, mais que les indiens, contrairement aux pêcheurs vénézuéliens, ont une préférence
pour le billet vert. Enfin nous trouvons un accord, et un joli mola noir et orange
trône désormais sur la table du carré, comme dans la majorité des bateaux qui visitent
les San Blas.
Mais certaines pirogues arrivent chargées de nourriture, permettant un ravitaillement
bienvenu sans aller à la ville la plus proche : œufs, fruits et légumes, coca-cola,
et même des poulets déplumés (mais crus). Nous nous aventurons à accueillir un poulet,
ce qui me permet de vérifier que mes progrès en poissonnerie me permettent de le
découper à peu près correctement, et qu’à part l’odeur plus forte que celle du poisson,
il suffit de suivre les os, comme on suit les arêtes … Marinés avec quelques poudres
indiennes que nous avons à bord, on va finir par croire qu’on progresse aussi coté
cuisine !
L’autre attrait des San Blas, c’est sa faune aquatique. Selon les mouillages, les
hommes (nous sommes 5 bateaux à bouger ensembles, puisqu’en plus des Pascaux et de
Milo, leurs « bateaux-copains » Pajé et la Ritournelle sont de la partie) trouvent
de quoi remplir les frigos et les estomacs : pagres, mérous, carangues, mais aussi
petites langoustes et surtout crabes et araignées (7 dans la même soirée pour Bruno,
qui se défend !). Le petit détail à ne jamais oublier, c’est la présence des requins,
nourrices et donc sans risques pour la plupart, mais quelques requins citrons traînent
leurs ailerons dans les parages, appâtés par les poissons pêchés. Méfiance et surveillance,
mais la troupe des pêcheurs est vigilante ! Raies, dauphins et gros poissons traînent
aussi dans ces eaux claires, de quoi ravir ceux qui se contentent d’un masque / palmes
/ tuba pour barboter entre les bateaux mouillés, ou d’une planche à voile bien affutée
pour les journées ventées. La glisse est partagée avec Yvan de Milo et Alessio en
kitesurf (copain de la fille des Pascaux), et on vérifie que plus on est de fous
… !