le VOYAGE DE THETYS
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LA NEWS DU 9 MAI 2011 (la suite)
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On s'octroie un petit-déjeuner léger (pancake et muesli) dans le lodge le plus glauque et le plus cher depuis le début du trek (l’effet 5100m ?), et dès 9h on est reparti. Un seul sac pour 3, et c'est Ngima qui le porte. Bonne idée, puisqu'on se promène en bordure de moraine entre 5000 et 5300, ce qui n'est pas vraiment une promenade de santé après la mise en jambe du matin. On marche sur les traces des 65 expéditions installées au camp de base pour presque 2 mois, encerclés par les sommets.

La vue est sublime, le rêve de Bruno devient réalité, on y est, on profite, on déguste même, c’est géant. Une grosse pause sur une plateforme qui offre une vue imprenable sur le village des tentes multicolores. La mode semble être au jaune, mais l'Ice Fall, le Nuptse, et les glaces de la moraine contrastent fort dans ce paysage minéral. Le camp est dressé au pied de la cascade de glace (l’Ice Fall, l’un des endroits les plus dangereux de la planète, composé de glace qui bouge d’1m par jour, et que les alpinistes grimpent en crampons sur des échelles mises en place par les sherpas pour traverser les crevasses …), première étape de l’ascension de l’Everest, dans un immense champ d'énormes blocs de roche ... Coté hostile c'est plutôt bien choisi ... Et l’ascension qui les attend donne aussi des frissons dans le dos, encore plus quand on se trouve au pied. Bruno qui en rêvait redescend sur terre ... Mais c'est très très fort d'être là, et on se régale. 

Midi, de retour à Gorak Shep, on avale un déjeuner consistant, je commence à m'endormir, mais emportés par l'élan et le manque d'envie de rester là, on redescend à Lobuche. 11h après notre départ, et un peu épuisés mais comblés, on atteint Lobuche sous la neige qui nous rafraîchit (...). On change de crèmerie (le lodge surchargé et sale d'hier soir ne nous paraissant pas propice à une bonne récupération), ça nous coûte 10€ au lieu de 2 pour dormir au "Mother Earth Hôtel", et comme il est juste 14h, je teste immédiatement la qualité da la couette pour une sieste bien méritée, et peuplée de paysages grandioses.

A l'heure du goûter (notes, bouquinage, thé), Bruno parachève sa journée de rêve en rencontrant le fils de Tensing Norgay, le sherpa qui a atteint le 1er le sommet de l'Everest en 1953 avec le néo-zélandais Sir Edmund Hillary. Quand le hasard sourit au sportif épuisé et heureux !

Il ne nous reste maintenant plus qu'à descendre jusqu'à Lukla, mais les 4 jours prévus nous semblent un peu long par rapport à notre envie de retrouver un certain confort. Ngima qui est toujours partant accepte la proposition : deux jours suffiront bien pour tomber de 5000 à 2800, avec une nuit intermédiaire à Namche Bazar. Rdv demain à 6h30 !

Une bonne nuit en-dessous de 4000, rien de tel pour se réveiller en pleine forme. Ça n'empêche pas Bruno de trouver l'inconfort relatif de plus en plus difficile à supporter au fil des jours. L’effet combiné de l'altitude, du froid, des gorges desséchées, du thé matin midi et soir, de l'hygiène plus que limite parfois, de l'enfermement dans les duvets en plume d'où seul un demi-nez peut se permettre de sortir commence à se faire sentir.

Toutefois le spectacle est encore une fois au rendez-vous de cette belle journée ensoleillée. Premier point de mire et tellement reconnaissable, l'Ama Dablam, qui nous surplombe majestueusement. Il est entouré de monts blancs dont les pentes verticales donnent l'impression d'avoir été taillées par un sculpteur pointilleux. Le panorama est grandiose. Enfin le Lhotse apparaît à 8500m. On se remplit les yeux et c'est vraiment fabuleux de marcher dans un paysage de cette qualité. 

On passe par Pangboche, où on s'accorde une pause au monastère, vieux de 600 ans, et Ngima toujours soucieux de mettre toutes les « chances » de notre côté prend le temps d'une prière.

Il reste 1h de marche, le temps de vérifier qu'on tient toujours la forme, pour arriver à Pheriche, 4300m, gros village de lodges sur l'autoroute du camp de base de l'Everest que nous avons maintenant rejoint. Il y a même un "hôtel" qui propose un dîner aux chandelles ... Pour nous, le grand Pheriche Resort convient parfaitement, surtout après 15mn de douche à 50° ...

Changement de programme à cause de la neige tombée toute la nuit. Le col de Cho La qui passe à plus de 5300m risque d’être dangereux, alors on redescend la vallée sur la face opposée à notre ascension des derniers jours jusqu'à Phortse, 3900m. 4h30 de marche, d'abord entourés de neige puis à flanc de montagne, avec le torrent au fond, les sommets enneigés, le Cho Oyu dans notre dos. C'est très beau, ça descend doucement avec quelques grimpettes pour nous rappeler l'altitude ... On croise des yaks, une dizaine de stupas dont les drapeaux flottent au vent, quelques maisons habitées, et on se demande vraiment comment quelqu'un peut vivre ici, à 4000m d'altitude, cerné par les rochers, le froid des montagnes, l'isolement ... 

On arrive à midi à Phortse, la végétation est de retour, le village est posé sur un petit plateau quadrillé de champs de pomme de terre, et comprend quelques lodges accueillants. On se trouve à nouveau en « zone habitable ».





3h15, comme prévu, on décolle dans le froid des étoiles qui peuplent le ciel himalayen. On marche à la frontale sur les pas de Ngima en forme. Difficile de distinguer ce qui nous entoure, ça monte plus que ça descend mais dans le noir on se contente de mettre un pied devant l'autre, et personnellement je pense au moment où je vais me recoucher ... Très original !

À 5h, on peut couper les frontales en arrivant à Gorak Shep, dernier village de la vallée du Khumbu, à 5100m. 

Quelques lumières sont déjà dans la pente qui mène au sommet du Kalapatthar, notre objectif de ce matin. 450m de montée ceinturée par les montagnes qui s'éveillent sous les rayons du soleil. Spectacle magique, les nuages sont cette fois restés en fond de vallée, et Bruno vole vers le sommet, mitraillant la progression des ombres centimètre après centimètre. Moi j'ai froid au mains et les derniers 100m sont bien hauts tout à coup. Haaaaaa, quand même hein ? Mais je les rejoints à 6h15, on est à 5550m. Le spectacle est incroyable. Pumori, Nuptse, Ama Dablam et bien sûr l'Everest. On reste scotchés 1h en compagnie de trekkeurs qu'on a croisé les jours précédents, tout le monde a atteint son but ce matin, l’ambiance est aux félicitations et au partage du plaisir d’être là, le soleil levé nous réchauffe. Ca valait le coup de venir !!!

La descente sur Gorak Shep nous attend pour y passer la nuit, mais Bruno qui pète la forme a une autre idée : et si on enchaînait sur le camp de base de l'Everest prévu pour demain pendant qu'il fait beau ? Ngima est d'accord, la journée marathon peut commencer. 

On décolle de Pheriche dans le brouillard, il fait un froid glaçant. Remontée de la large vallée, presque lunaire, puis les nuages s'espacent et Mister Ama Dablam nous escorte. Magique. Le cirque qui nous entoure dans le dos est grandiose. 

Après une grimpette assez sévère qui n'inspire pas trop Bruno en manque de jambe, on atteint une plateforme qui sert de "mémorial" dédié aux morts sur l'Everest. Parsemé de stupas allant du tas de pierre au monument plus officiel avec plaque gravée, le lieu est impressionnant et nous interpelle encore un peu plus après le film d'hier. Le toit du monde vaut-il toutes ces vies ? Cette saison, 65 expéditions (soit probablement entre 500 et 1000 alpinistes du monde entier + 2 ou 3 fois autant de sherpas) répondent oui à la question ... ça laisse songeur. 

On profite du soleil revenu et de la vue imprenable pour faire une vraie pause, avant d'attaquer la petite heure pour rejoindre Lobuche, à 4900m d'altitude. On pénètre réellement dans la vallée du Khumbu (accès népalais à l’Everest). Un nouveau cirque s'ouvre devant nous, clôturé au fond par la chaîne himalayenne dans toute sa splendeur, frontière naturelle entre le Népal et le Tibet. Ici on trouve la plus grande densité de sommets au-dessus de 8000m.

En attendant, le lodge du jour est plus rustique et surtout bondé, effet de l'altitude où l'hébergement se raréfie pendant que le nombre de trekkeurs en quête de photos mythiques s'intensifie.

Arrivés (comme d'hab') de bonne heure au lodge, Ngima nous convie à une promenade digestive en allant visiter une pyramide italienne centre de recherche qui se situe à une demi-heure de marche de Lobuche. Balade à 5000m ... et accueil très sympa par un népalais qui nous fait visiter les installations.

La nuit est plus difficile. Tout le monde tousse et les cloisons sont en bois, sans compter tous ceux qui ont le MAM (version normal), donc mal de tête qui empêche de dormir. Ça circule toute la nuit, et tout le monde en profite. Mais bon, ça fait 10 jours qu'on dort 10h par nuit alors on va survivre !

Et puis à l'heure du goûter, le propriétaire du lodge programme une séance ciné : un reportage qui suit une expédition suisse au sommet de l'Everest, insistant particulièrement sur le travail des sherpas, en termes d'équipement de la montagne, de portage de tout le matériel, et de guidage des "membres" de l'expédition qui paient environ 20 000 euros par alpiniste. Trekkeurs, guides, porteurs, nous sommes une quinzaine à regarder et à rester pensifs devant l'ampleur d'une telle expédition, en terme de courage, de danger, avec la dimension business qui est le cœur du sujet.

L'altitude nous rattrape pour cette première nuit au-dessus de 4500m. Guides et trekkeurs, tout le monde y a droit. Maux de tête douloureux, sommeil en pointillé … Pour ma part, réveillée par un pouls bien trop rapide et un gong qui bat à l'unisson juste derrière mon front, je révise mes cours sur le MAM avant d'avaler une aspirine qui me permet de me rendormir. Deux heures plus tard, c'est Bruno qui se paie une crise s'angoisse, se sentant enfermé dans son duvet. En même temps, comme il fait à peu près 0° dans la chambre ... Il finit par se rendormir assis. Et il nous reste quatre nuits à plus de 4700 ... Les joies de l'altitude !

5h, on décolle pour grimper le Gokyo Ri qui se dresse dans le jour naissant. 600m de dénivelé, très raides, qu'on avale en 1h45, on commence à sentir les effets de l’altitude. C'est pourtant plus lent que les nuages qui grimpent la pente à nos trousses. On se retourne pour voir le soleil qui se lève dans notre dos, éclairant en contre-jour l'Everest, ainsi que le Pumori ennuagé, tandis que le Cho Oyu siège toujours en fond de vallée ! Quel spectacle, que nous ne photographions pas, pressés d'arriver en haut pour jouir du meilleur panorama. Mais nous n'avons pas de chance aujourd'hui, et le spectacle prévu à 5380m n'a pas lieu. Brumes, drapeaux de prières flottants au vent qui nous glace, attente non récompensée, on redescend, un peu déçus, et gelés.

Mais la journée n'est pas finie. Il est 10h quand après un bon petit déjeuner et une petite sieste au lodge de Gokyo nous repartons pour Dragnak. Le Chola Pass Resort nous attend au bout d'1h30 de traversée de moraine, ambiance surprenante à cette altitude, entre chemins sableux et lacs blancs de neige, cratères bleu glacier et végétation rase. Décidément, chaque journée de ce trek présente des décors aussi magnifiques et magiques qu'inédits.

Et le lodge choisit par Ngima est le top du top. Grandes chambres avec les deux lits réglementaires, électricité, couvertures très chaudes, moquette au sol, ne manque que le chauffage ... Les toilettes sont nickels et privées. On se précipite sous la "hot shower" à 500 roupies, qui est hot et tombe du ciel quand on ouvre le robinet. Magique ! On fait vite car il fait 3° dehors et la pièce n'est pas chauffée. Après un excellent déjeuner (galette de pommes de terre couverte d'un œuf et de fromage râpé), Bruno s'abandonne à la sieste bien méritée pendant que le poêle en fonte monte doucement la pièce principale jusqu'à 28,5°. 4700m vous avez dit ? On s'y attarderait presque ...

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