le VOYAGE DE THETYS
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LA NEWS DU 9 AVRIL 2010
COntact : thetysmail@gmail.com

Sous le choc du charme des Marquises (et son contraire …)


Alors que nous découvrons la Polynésie Française depuis 7 mois, la saison cyclonique s'annonce, avec en prime le fameux phénomène "el niño", qui amplifie le risque. Seule solution pratique : profiter de ces 2-3 mois pour aller découvrir les Marquises, archipel situé à 1500km au Nord-Ouest de Tahiti, et hors zone à risque. Ca tombe bien nous ne connaissons pas ces îles … et depuis le temps qu’on entend parler des maouss pamplemousses … des rencontres fortes … de cette gentillesse absolue … leur esprit guerrier … l’art, brut … Il faut qu’on aille voir !

Seuls inconvénients à priori : 600 milles de navigation "à l'envers" (contre vent, vagues et courant). Et puis on nous a dit … les baies là-bas, elles peuvent être très rouleuses, rendant le mouillage aussi inconfortable qu’en navigation …  et les débarquements à terre, c’est chaud, entre les vagues et l’absence de ponton … Et puis quand enfin tu mets le pied par terre, tu es accueilli par l’Insecte local ... le nono ! En fait, un mini-moucheron quasiment invisible, qui pique (évidemment), mais ça gratouille pendant 10 jours et ça laisse des marques … Très désagréable !

Mais malgré tout ça, on en connaît qui y retournent, et avec le sourire, donc on n’a pas pu ne pas les accompagner, nos amis Pascaux !

Un petit stop par Rangiroa, immense lagon bleu des Tuamotus idéalement situé sur notre route vers les Marquises et qui nous permet d’attendre LE créneau météo (et qui me laisse accessoirement le temps de digérer mon premier mal de mer …). Nous décollons finalement le 20 janvier, vent dans le nez. Option faiblard. C’est parti pour 5 jours et 5 nuits au moteur, vagues dans le nez, mais pas trop grosses, Thétys passe et on compte les heures pour lui ...

Il faut attendre le dernier matin et une panne de gasoil pour découvrir Nuku Hiva qui se balance en silence sur les flots pacifiques, à moins que ce ne soit Thétys … Notre pêcheur a heureusement quelques bidons en réserve, et nous longeons quelques heures plus tard la côte sud, découvrant les falaises abruptes qui se jettent dans l’eau, les sommets râpés par la sécheresse, les entailles qui s’ouvrent sur des vallées vertes et profondes où King Kong ou ses descendants doivent se régaler …

Nous jetons enfin l’ancre au milieu d’une vingtaine de bateaux, dans la très grande baie de Taiohae, accueillis comme il se doit par les bateaux des copains dont certains que nous n’avions pas vus depuis quelques mois. Nous y voilà !


Ensuite c’est la découverte, mouillage après mouillage, île après île, nous nous immergeons dans cet univers inconnu, incroyable, indescriptible … Bref, inoubliable !

Alors pour vous faire partager nos aventures en résumé, voici quelques moments choisis …

On découvre d’abord Nuku Hiva, qui nous met dans l’ambiance locale. Taiohae propose tout ce dont un plaisancier peut rêver (ravitaillement nourriture et gasoil, snacks remplis de poissons crus au coco et de chèvre au coco), et on s’installe dans notre vie marquisienne. Paysages montagneux, tour de l’île en voiture, villages isolés accessibles uniquement par des pistes, avec quelques baraques, un préau pour les répétitions de danse, des terrains de foot ou de volley, de petites églises d’un des nombreux cultes célébrés ici. Mais aussi chevaux en semi-liberté qui papotent tranquillement dans le pré d’à coté, et sites archéologiques avec leurs tikis géants. Et puis ça se passe aussi dans l’eau, avec escorte systématique de dauphins lors des navigations inter-îles, pêche de daurades coryphènes, et sous l’eau, au hasard des mouillages, où nous croisons raies manta, requins marteaux, et même des langoustes cachées dans les rochers, mais je ne vous dirai pas où …


Après avoir exploré le coté terrien, on quitte la «civilisation» pour partir à la recherche des mouillages isolés, et y découvrir la vraie vie marquisienne. Celle de ces villages (3 maisons …) retirés du monde, de ces gens adorables qui nous accueillent le temps d’une citronnade ou d’une chèvre au barbecue, qui nous guident pour découvrir les cascades ou les zones de pêche, nous invitent à cueillir les fameux pamplemousses et leurs cousins citrons au goût incomparable (on a bien vérifié, après un demi-tour du monde !), chez eux, dans leur maison, leur terre, leur vie. On partage alors leur communion avec la nature qui les nourrit et les soigne, on prend le temps, on se fond dans le rythme, on tombe amoureux de ces gens, de ce pays.

Direction Ua Huka, 30 milles dans l’Est de Nuku Hiva, petite nav’ de nuit, entre amis … Et le lendemain soir, c’est le choc. Descendus à terre (sans ponton, c’est sportif !), nous assistons aux répétitions de danses. Les « mamans », puis les jeunes filles, qui nous emportent dans des danses sensuelles et envoûtantes au rythme des ukulélés, guitares et tambours, grattés et frappés par des frères et des cousins déchainés, pendant que la pluie nocturne tambourine sur la tôle au-dessus de nos têtes hallucinées …


Puis Hiva Oa, et ses célébrités. Mais après le pèlerinage sur les tombes de Paul (Gauguin) et Jacques (Brel), nous faisons un plouf derrière le motu Anakee, où l’on nous a conseillé une baignade en bonne compagnie … Mise à l’eau, masque-palmes-tuba, et arrêt respiratoire … elles sont là, deux ombres noires et blanches, des raies manta de 2-3 mètres d’envergure, face à nous … on n’en mène pas large, on se rappelle qu’elles mangent du plancton, alors on respire à nouveau, on aspire un bon coup, et on se laisse couler à leur profondeur, pour les suivre jusqu’à la limite du souffle … Et dire qu’on a encore oublié l’appareil photo …

Quelques milles plus au sud, c’est Tahuata. Hanamoenoa, Hanamenino, et Hanahevane … tout un programme pour une escale turquoise où nonos  et chevaux sauvages se partagent la plage …

Point d’orgue, Fatu Hiva et sa fameuse Baie des Vierges nous accueille enfin ! C’est la destination connue et reconnue de tous les tourdumondistes qui arrivent de Panama. Mais là, on est « hors saison », puisqu’ils arriveront dans un gros mois, alors on profite, juste avec les Pascaux, de ce lieu mythique et pour cause … elle s’offre à nous vierge de tout bateau, en contre-jour avec le soleil qui se lève, et son manteau de nuage sur les montagnes qui l’entourent. Féérique … Le village d’Hanavave est séducteur.

C’est l’occasion de marcher encore, même si au fil des rencontres il faut déjà une heure pour parcourir le kilomètre du village qui s’étire le long de la rivière … Nous clôturons notre séjour par une soirée mémorable chez Serge le sculpteur (nous n’avons pas résisté à ses tikis aux fesses et ventres rebondis !). Nous sommes transportés dans un autre monde, discussions sur la vie, les religions, les traditions, la langue marquisienne à l’école, avec sa petite fille de 5 ans qui compte jusqu’à 100 en français, 12 en anglais, et tire la langue en marquisien …


Et comme il est difficile de quitter Fatu Hiva à l’heure où les premiers navigateurs arrivent de Panama, nous décidons  de rater Ua Pou, histoire de se garder (au moins) une bonne raison de revenir, pour retrouver tous ces amis qui nous ont accueillis, qui ont partagé avec nous, ne sachant ni si ni quand nous reviendrons … C’est le prix à payer, pour nous mais aussi pour eux. Delphine et Maurice, Serge et Cathy, Maria et Paotu, Mai et Maria et Tehai, Hina et son chao men , Moetai et ses chansons, merci de nous avoir invités dans votre univers, vous nous manquez … déjà … et si nous n’avons pas sacrifié au traditionnel  tatouage, nos cœurs sont marqués à jamais !