le VOYAGE DE THETYS
betn photos recettes presse news localisation blogscopains bato index
LA NEWS DU 2 NOVEMBRE 2010
COntact : thetysmail@gmail.com

Mopelia, perle paradisiaque


15 mois … beaucoup plus que la plupart des bateaux, pas assez pour tout découvrir, suffisamment pour avoir un joli aperçu de la Polynésie française … Après mûres réflexions quant au choix de programme, nous reprenons notre route et le principe de base des tourdumondistes : avancer, vers l’ouest de préférence, pour continuer à découvrir de nouvelles choses.

Le seul impératif pour nous devient le fait que Thétys doit se trouver un petit coin à l’abri à partir de novembre, pour le début de la saison cyclonique.

Ouest donc, mais où ? Une multitude d’options s’offrent à nous, et nous optons pour une trilogie d’atolls perdus au milieu du Pacifique sud, pas vraiment sur les routes, avec des passes étroites ou mal cartographiées … en route pour l’aventure version Robinsons, c’est reparti pour Thétys !



1ère escale, Mopelia, situé à 250km à l’Ouest de Bora Bora. Mais déjà tellement loin des circuits classiques. La passe très étroite (20m quand Thétys fait 8m de large) sert de passage à niveau, il faut une bonne météo pour entrer. Accompagnés de Pascaux (gennaker bleu) et Colorazul (spi blanc), le spi rouge de Thétys se présente à 10h à l’entrée de la passe, et Michel se fait un plaisir d’ouvrir la route, même pas peur. Les pilotes sont concentrés, les copilotes admirent les couleurs et les bords déchiquetés de la passe qui plongent net à quelques mètres de chaque coté des coques des catamarans. Les 3 vont se garer au fond de l’atoll, devant le « village ».


15 personnes vivent ici, sous la responsabilité du «patriarche» de 55 ans : Tetuanuirereiteapuroa dit Calami ... On y trouve sa femme Sophie, 3 petits-enfants, et quelques fils et travailleurs supplémentaires. Une « maison » et quatre cabanes, des enclos à cochons, des chiens, des chats, des poules, du sable, des hamacs, une antenne satellite, une machine à laver, une grande table sous un auvent qui sert de salle commune à tous, quelques batteries rechargées par panneaux solaires, une citerne pour l’eau de pluie, une source d’eau douce, et une télévision ! Tout cela bien protégé dans une forêt de cocotiers qui reprend toute sa place passée la centaine de mètres colonisée par les habitants.

Durant une semaine à Mopelia, nous retrouvons la vie de mouillage quittée depuis Mai aux Tuamotus : pêche, snorkeling, balades sur la plage, ramassage de coquillages, bonnes bouffes et bonnes soirées entre bateaux : rhum arrangé, beignets de poisson et paella aux langoustes pour Colorazul, sauce sashimi et fondant au chocolat des Pascaux, crumble, marinades indiennes, et petites crèmes au caramel coté Thétys … On ne va pas mourir de faim, et même Bruno ne nous parle plus de Mac Do !

Mais l’accueil de nos hôtes s’avère à la hauteur de cette tradition polynésienne, ce qui nous permet de partager avec eux quelques moments forts.

Un matin, Bruno, Pascale et Carmen accompagnent Calami à la chasse au kaveu. Késako ? Le crabe des cocotiers, nourri au coco, dont la chair est particulièrement goûteuse. Calami connait les trous à kaveus comme sa poche, et ne met pas longtemps à attraper 3 beaux spécimens, qui sont déjà dans la force de l’âge (une vingtaine d’années quand même), et pour lesquels il vaut mieux savoir s’y prendre : repérer le trou, bien regarder dedans pour voir sous quel angle se présente la bestiole, envoyer la main, le choper et le retirer bien vite, tout en évitant les pinces, ultra puissantes. Nos trois amateurs ne s’y méprennent pas, et laissent faire le spécialiste. Et le soir, c’est régalade, avec une bonne mayonnaise !


Autre temps fort : la récolte de perle « comme à la maison » ! Il y a 1 an, les derniers producteurs récolteurs de perle du lagon sont partis à cause d’un cyclone, laissant toutes leurs installations en plan, soit quelques milliers d’huitres perlières qui continuent de grandir, protégées dans des paniers pendus à des bouées qui parsèment le lagon. On part équipés de nos palmes-masques-tubas, gants et couteaux. Un œil sur les requins (pointes noires, normalement pas agressifs) qui circulent autour de nous et s’interrogent sur cette agitation, une bonne goulée d’air, et on se retrouve par 3 à 10m de fond, à récolter les huitres qu’on remonte par paquets de 3-4 à la surface, où Carmen et Calami les jettent dans le bateau. Deux matinées, deux récoltes, 500 huitres environ … Retour à terre après le barbotage, et on s’installe en cercle autour du tas d’huîtres, couteaux en main. C’est le moment d’ouvrir l’œil afin de récolter les trésors potentiels de cette pêche exceptionnelle. Le maître Calami nous montre comment on ouvre les huîtres sans abîmer la nacre, sans y passer deux heures, sans se couper (c’est un art auquel tout le monde n’est pas réceptif), et c’est parti. Deux heures de plus sous le soleil, émaillées des cris de joie de ceux qui ont le plaisir de sortir une perle après ce charcutage élaboré, et notre première récolte de perles apparaît : une vingtaine, dont quelques jolies rondes, et pleins de formes bizarroïdes. Carmen qui fait des bijoux est aux anges, et nous sommes ravis d’emporter à bord 3 perles qui resteront en souvenir de cette chasse au trésor ! Le reste de l’huître n’est pas perdu, puisque les plus jolies font de très belles nacres qui seront vendues au bateau ravitailleur, et que Sophie récupère le pied (j’ai goûté, cru, c’est dégueu !!!) pour le cuisiner pour la tribu des 15.



Enfin la veille de notre départ, Calami et toute sa famille nous invitent à un repas polynésien chez eux, l’occasion d’échanger un bon moment de leur vie contre les cadeaux que nous leur avons préparés : vêtements, fruits et légumes, DVD ... Nous pêchons encore un peu de poisson frais, et ils font cuire au four polynésien (des heures, des pierres chauffées, empaquetage avec les feuilles de bananes) le porcelet juste égorgé pour l’occasion. Plats de manioc, de patates douce, pain au coco, citrouilles au lait de coco … les discussions vont bon train, et l’ambiance est polynésienne, gentillesse, sens de l’accueil, sourires, rires … pourquoi doit-on encore partir ?