le VOYAGE DE THETYS
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LA NEWS DU 18 NOVEMBRE 2010
COntact : thetysmail@gmail.com

Rose Island, paradis au naturel





Encore un peu plus à l’Ouest, encore un peu plus sauvage, nous avons pointé Rose Island sur la carte. Deux jours et trois nuits de chassé-croisé radio avec les Pascaux et nous atteignons … un motu, trois cocotiers, des milliers d’oiseaux, Rose Island se dessine dans nos jumelles le 3ème matin. La passe se trouve au nord. Nous n’avons pas de carte précise, juste un récit d’un autre bateau passé ici il y a quelques années, et qui nous a donné envie … Un premier passage devant la passe. De 200m de large sur la carte, elle rétrécit nettement à l’œil nu. Mmmmmouais, ça va être ambiance. Pascaux est devant, Pascale en vigie sur la poutre avant. Comme ça a l’air assez clair et calme, j’engage Thétys derrière eux, du coté droit de la passe, qui semble le bon endroit d’après la carte. Erreur, un seuil de corail barre le passage, et on va découvrir la profondeur quand on y sera … 0,2m sous la quille. 20 petits centimètres de rien du tout, surtout qu’un léger clapot doit bien faire osciller le bateau sur 10 bons centimètres verticaux … L’impression qu’il n’y a plus d’eau dessous, on arrête de respirer, on avance à 2 à l’heure au cas où il faudrait s’arrêter net et faire marche arrière rapide. Ca glisse, ça ne touche pas, c’est passé … Oufffffffff … Un coup d’œil en arrière pour constater avec le soleil dans le bon sens que le passage était à gauche le long du tombant …


Et voilà, quelques erreurs à ne plus refaire et bien notées par les quatre aventuriers que nous sommes, mais comme tout est bien qui finit bien, on a droit aux pancakes sur Pascaux, mouillés dans 20m d’eau, à l’abri du reef, avec une vue imprenable sur ce mini lagon (2km de diamètre), et le seul et unique motu habité, par des milliers d’oiseaux qui assurent l’ambiance sonore nuit et jour !



Un atoll, deux catamarans, quatre robinsons … c’est parti à la découverte de Rose Island, et on comprend déjà pourquoi ce nom : le platier (bande de corail affleurant qui sépare et protège le lagon du grand large) est rose, et vers midi, les couleurs ressortent de manière incroyable.

Recouvert de maximum 20cm d’eau selon la marée la configuration est idéale pour partir à la recherche des langoustes, d’autant qu’une date importante arrive, alors nous décidons d’aller vérifier si elles seront de la fête … Lampes et sacs pour les hommes concentrés sur les trous et les yeux brillants des bestioles recherchées, balade sous la lune et papotage pour les filles qui accompagnent bien volontiers leurs hommes dans cette quête, 10h du soir, marée basse … Après deux heures de recherches fructueuses, 4 langoustes, 1 crabe et 1 cigale de mer se tiennent compagnie au fond du sac qui s’est nettement alourdi. Mission accomplie, et tout le monde au lit pour être en forme pour demain soir …



16 octobre, 38 ans pour la benjamine de l’équipe, et dans un décor pareil, ça se fête. Pain frais, foie gras, spaghettis aux langoustes flambées au whiskey  par les bons soins de Bruno, moelleux-fondant au chocolat, bougie … Et pour se mettre en forme : rhum à la banane qui macère depuis une semaine, musique à fond (pas de risque de déranger les voisins, les premiers se trouvant probablement à quelques 600km), et danses endiablées. Résultat : un anniversaire qui restera dans les annales de Thétys …


La météo n’est pas idéale, mais nous offre quand même quelques heures bien bleues dont nous profitons pour aller nous baigner. Piscine au programme, turquoise de préférence, puisque le platier offre des bassins naturellement creusés dans le corail, abritant coraux, poissons, et … même un couple de tortues que nous poursuivons … avec l’appareil photo, surpris par la grâce des mouvements aquatiques de ces animaux si maladroits à terre.



Enfin nous multiplions les tours de motu, le seul, qui abrite sue quelques centaines de mètres de long quelques dizaines de milliers d’oiseaux. Il y en a encore plus au sol sous les arbres qu’en l’air, et nous les dérangeons le moins possible, si c’est possible. Levant le nez, on découvre sterns, frégates, puffins, fous, phaétons … dans tous leurs états, de l’œuf couvé au papi débonnaire qui ne se lève plus quand nous arrivons. Le bruit, l’odeur, et ces nuages de taches noires, blanches, grises, marrons qui remplissent le ciel bleu … Nous n’avons jamais eu droit à un tel spectacle, c’est grandiose, on se sent tout petits, intrus dans cette nature sauvage qui ne devait pas être très différente il y a quelques milliers d’années. On prend des centaines de photos, on ramasse les bouteilles en plastique amenées ici par les vagues et qui n’ont pas leur place dans ce décor, mais surtout on se remplit les yeux et les oreilles, on s’arrête, on profite, pour graver ces sensations inédites.



Et puis le motu nous réserve encore une jolie surprise pour le dernier soir. On accoste sous la pleine lune, après dîner, armés de torches non nécessaires vu l’éclairage naturel. Il paraît que les tortues viennent pondre à terre, et nous avons déjà vu des traces sur la plage dans la journée. Un peu de crapahutage et Bruno aperçoit des traces toutes fraîches … approche silencieuse … une énorme tortue luth a traversé la plage pour se glisser sous les arbres, cherchant un abri pour creuser son trou et y pondre ses œufs. Nous l’observons un bon moment, puis décidons de la laisser tranquille, poursuivre cette aventure ancestrale mais difficile vu sa corpulence, qui permettra peut-être à nos arrières-arrières-petits-enfants de découvrir quelques tortues marines lors d’un plouf dans ces contrées pour le moment relativement protégées de l’homme grâce à leur éloignement.

Enfin il est temps de repartir, nous calculons date et météo idéalement pour ces 3 jours de navigation qui doivent nous amener aux Tonga, et permettre à Pascale des Pascaux de ne pas fêter son anniversaire, puisque la journée concernée tombe pile sur la ligne de changement de date que nous traversons en arrivant sur Neiafu, « capitale » des Vava’u.

Mission accomplie après une navigation mouvementée qui nous donne un aperçu de ce qu’il faut éviter lorsque nous entamerons la prochaine étape, la descente vers le « grand » sud, la Nouvelle Zélande, où nous irons nous mettre à l’abri des cyclones.