le VOYAGE DE THETYS
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L’arrivée à Cienfuegos marque la fin de notre première partie de séjour à Cuba. Nous sommes envoutés par ces trois semaines de découvertes et d’émerveillement. Cuba est plus qu’à la hauteur de nos attentes, et l’envie de visiter le côté « Terre » nous chatouille de plus en plus. Alors lorsque nous atterrissons dans la baie de Cienfuegos, c’est avec grand plaisir que nous retouchons le sol, pour partir à la découverte de la ville et des cubains terriens. Et comme la baie de Cienfuegos et sa petite marina sont propices à laisser Thetys un peu seul, nous allons en profiter pour voyager un peu plus loin dans ce pays attirant.

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Côté Terre

Cienfuegos, retour sur terre !

Après un mois de vagabondage marin, nous apprécions de marcher. Les formalités sont vite expédiées, et nous nous aventurons en ville : envie de se dégourdir les jambes, de sentir l’ambiance, de goûter un premier mojito, de trouver un bon morceau de viande…

Guidés par le Lonely Planet, nous flânons dans les rues commerçantes de Cienfuegos, pour découvrir que nous ne serons pas gênés par les autres touristes. C’est du 100% cubain, avec ses vieilles maisons décrépies, ses fils électriques d’une autre époque,  ses moyens de locomotion hétéroclites, ses queues dans les magasins de rationnement... Et le plus surprenant sans doute : nous sommes dans une ville de plus de 150 000 habitants (Grenoble ou Brest), et les transports en commun en ville sont assurés par des carrioles tirées par des chevaux. Après une tentative assez inconfortable, nous privilégions le bicitaxi, qui s’avère beaucoup plus confortable, et pas plus long pourvu que le vent ne souffle pas trop fort. A chaque carrefour c’est un peu surréaliste, entre les quatre pattes, les deux roues, les trois roues, les vielles américaines qui datent d’avant la révolution (1959), les Lada de l’époque russe, mais aussi un certain nombre de véhicules d’origine japonaise qui montrent l’évolution automobile du pays ! Après quelques expériences, nous constatons aussi qu’une belle carrosserie d’époque peut cacher un moteur d’une autre marque, ou un tableau de bord en plastique d’origine asiatique. Qu’importe la solution, il faut que ça roule !

La déambulation a du bon, puisque Parque Jose Marti (la place centrale de la ville) nous tombons sur une foule qui fait la queue pour … rendre un dernier hommage au président du Venezuela, décédé deux jours auparavant. En cette journée de deuil national, le palais du gouverneur abrite une grande photo de Chavez, encadrée par deux militaires et un parcours de fleurs conséquent. Autour de nous, des milliers de gens patientent pour lui rendre hommage. Des militaires, des civils vêtus de rouge (la couleur fétiche du défunt), l’ambiance est très recueillie. Alors que nous demandons ce qu’il se passe (Google news n’est pas encore arrivé à Cuba), des bénévoles nous font entrer par la petite porte, nous donnant ainsi l’occasion de participer activement à cette grande commémoration. L’instant est important pour les cubains, car le Venezuela est l’un des derniers pays « amis » à leur apporter un certain soutien économique, et « l’esprit patriotique » cubain incite probablement les gens à venir témoigner de leur sympathie. On croisera d’ailleurs beaucoup de drapeaux vénézuéliens accrochés aux pare-brises des voitures les jours suivants.

Enfin, toujours à la recherche d’un bon steak, ce qui n’existe pas vraiment à Cuba, nous basculons sur notre plan B : il y a pléthore de pas de portes qui nous attirent depuis un moment avec de bonnes odeurs de pizza cuites au feu de bois. On entre, 2m² et un comptoir se dressent devant nous, un tableau marqué à la craie propose la sélection du jour : queso, jamon, queso y jamon, et la « especial », avec des lardons. Quelques minutes plus tard, et pour douze pesos nacional (38 centimes d’euros !), nous nous retrouvons avec deux pizzas fumantes et odorantes dans les mains. Et ne croyez pas qu’elles sont toutes petites, la gourmandise me conduit parfois à en manger deux mais c’est déjà beaucoup. Evidemment, Bruno est capable d’en dévorer quatre avant de se sentir calé… Question de référentiel !

Comme nous devenons de très bons clients, nous découvrons qu’il est possible d’ajouter une tomate, que le pizzaiolo va chercher directement sur l’étal du marché voisin. Système D… Mais n’ayant pas prévu de nous installer ici, il devient vital pour Bruno d’apprendre à faire ces délicieuses pizzas à bord de Thetys. Nous franchissons donc la barrière du comptoir, puis de la langue (grâce à de nombreux rires, exclamations, signes, et écrits sur un bout de carton), pour assister impressionnés à la fabrication de 70 pâtes à pizza prêtes à passer au four en une dizaine de minute. L’arrière-boutique serait fermée depuis longtemps par n’importe quelle institution sanitaire soucieuse d’hygiène et insensible au résultat, mais nous sommes à Cuba, et seul le résultat compte ! Sacs de farine, de levure, de sucre et de sel sont posés sur le sol de terre battue, entrouverts, et les mouches et moustiques ne sont pas exclus de la cuisine. L’eau est prise au robinet… Voilà, tous les ingrédients sont là, il ne manque plus que le tour de main pour que la magie opère. Car côté quantité (la mesure de base est un récipient ébréché qui sèche sur l’égouttoir voisin), température de l’eau (tibia, quelque chose comme tiède), ou taille de chaque boule de pâte, nous découvrons une science qui ne s’apprend pas dans les livres. La recette de la pâte à pizza cubaine restera un mystère, mais armés de leur levure et d’une poudre non identifiée dont ils utilisent à peine quelques grammes pour fabriquer les 70 pizzas, Bruno aura l’occasion de s’entraîner, et même de nous régaler. Avis aux amateurs…

Trinidad et Casilda, tourisme et retrouvailles
Il est temps de laisser Thetys au calme dans la baie de Cienfuegos pour bouger un peu. Nous prenons un taxi collectif pour Trinidad. Une vieille Buick, un chauffeur cubain, on s’enfouie dans les deux places passager à côté du chauffeur, pendant que la banquette arrière est occupée par trois autres voyageurs. La place est bonne pour profiter de la vue, de la petite route qui tortille au milieu des champs de cannes à sucre. Une seule heure de route suffit pour que cette antiquité de 1951 devienne un peu inconfortable, et c’est le temps qu’il faut pour atteindre Trinidad, ville touristique mais toute petite. Nous commençons par trouver une chambre chez l’habitant (casa particulare, un système économique pour bien se loger tout en rencontrant des cubains), puis nous partons à la recherche de notre déjeuner typiquement cubain : pizza !!! Après ce ravitaillement stratégique, nous basculons en mode touristes, avec un tour dans les petites rues pavées, en passant par la plaza Mayor, les églises colorées, un joli terrain de jeu pour le photographe du bord, jusqu'au coucher de soleil.

Le lendemain, nous attrapons un taxi pour Casilda, à quelques kilomètres d’ici, où vivent nos amis pêcheurs des Jardins de la Reine. L’un d’eux nous avait laissé son nom de code « Juan - Cuarto de Pollo", nous affirmant que nous le trouverions sans difficulté. Bingo, et nous sommes impressionnés car il y a bien quelques milliers d’habitants dans ce village de pêcheur qui ressemble à une banlieue de Trinidad. Nous nous engageons d’ailleurs entre quelques HLM pas très frais, mais le petit appartement où notre pêcheur nous invite à entrer est très propre. Il vit là avec sa femme, ses deux enfants, et sa belle-mère. Il est ravi et étonné de nous voir, notre rencontre à Cayo Alcacitras avait déjà été un beau moment, et nos aux-revoirs avaient dû leur sembler de pur conformisme. C’était sans compter sur Bruno, qui va toujours au bout des choses, nous offrant ainsi une sacrée séquence émotions de nos deux univers qui se croisent. Nous repartons  avec leur adresse postale dans le sac.

La Havane, oui ! Mais dans la prochaine news

Le photographe ayant été particulièrement inspiré lors de notre visite de la capitale cubaine, nous avons décidé de vous réserver une news dédiée, qui arrivera bientôt !


Cayo Largo et Cayo Rosario, les langoustes XXL

Les Jardins de la Reine, c’est fait. Cuba côté terre, c’est fait. Mais où en sommes-nous de la quête du Graal cubain ? Bruno a bien pêché quelques belles langoustes, et les pêcheurs nous ont gâté dans des quantités à la limite de nos estomacs. Mais nous ne repartirons pas sans avoir trouvé la fameuse « grotte aux langoustes », celle qui déborde, celle qui n’existe qu’ici.

Direction Cayo Largo, qui a sa réputation… En bonne compagnie cette fois, puisque Moana et Houbara rencontrés à Cienfuegos sont de la partie. C’est l’occasion d’un petit concours de pêche à la traîne pour rejoindre Guano del Este. 1 à 0 pour Thetys, mais Moana prend sa revanche le lendemain sous gennaker… Le mouillage est sauvage et rouleur et nous apprécions une soirée surréaliste sur ce cata de luxe de 82 pieds à trois étages qu’est Houbara.

Cayo Largo, enfin ! Eaux turquoises, barrière de corail, un petit côté polynésien que nous n’avons pas croisé depuis bien longtemps. On oublie l’île à touristes avec ses trop nombreux hôtels et ses appartements-dortoirs pour les salariés, ou sa marina remplie de bateaux de charter, en  profitant des mouillages magnifiques, renouant avec l’activité palmes-masque-tuba. Les bateaux copains sont aussi dans le coin, dont Fiuu qui nous rejoint avec une bonne nouvelle : la grotte aux langoustes se trouve à quelques dizaine de milles d’ici, à Cayo Rosario, et la preuve de leurs dires donne l’occasion d’un barbecue gargantuesque sur Moana.

Quelques jours plus tard, alors que les copains partent vers Panama ou la Jamaïque, nous nous mettons en route vers Rosario. La météo est encore une fois spéciale, ventée et fraîche, et nous sommes à nouveau seuls au mouillage, mais planche et fusils apprécient… C’est sans doute l’équation idéale : coin désert + terrain propice = … des langoustes, énormes, trop nombreuses pour se cacher dans les trous, c’est l’embouteillage, le fantasme absolu du pêcheur !!! Il ne prélève que le minimum vital pour que nous ne manquions de rien, mais pas plus, vous pouvez aller voir, il en reste pour quelques années !

J’en profite pour finaliser mes recettes de langoustes. Après le traditionnel « langoustes froides – mayo maison » dont nous avons abusé, il y a eu les « spaghettis aux langoustes », savoureux, les « salades de langouste », varié, le « carpaccio de langouste à l’huile de truffe », pour les connaisseurs, et le must absolu : les « lasagnes de langouste », dont nous partageons la recette maison : en cliquant ici (et en plus elle marche aussi avec du poisson !)


Adios

Un mois et demi après notre entrée à Santiago, nous quittons Cuba plein sud, direction Panama par les îles Cayman. Ce séjour aura été magique, fort, et rempli d’aventures et de rencontres incroyables. Il faut du temps pour profiter et se remplir de Cuba en bateau, mais le temps nous l’avions, alors nous disons juste un au revoir mais surtout pas un adieu à ce pays si particulier qui nous a enchanté, et même envouté.

NEWS du 26/03/13
CUBA - 1ÈRE PARTIE