le VOYAGE DE THETYS
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News de Thetys durant la saison cyclonique


Après son séjour cubain, Thetys change de monde. Direction Panama pour la saison cyclonique, en passant par les îles Cayman. Situées à moins de 24h d’une navigation ventée au sud de Cuba, la perspective d’un steak doublé d’un accès à internet nous motive ! Passée la légère désillusion à l’arrivée sous un ciel gris et bas avec un crachin persistant dans un mouillage rouleur plus deux énormes paquebots garés juste derrière nous, nous sommes saisis par le contraste entre Cuba et ce paradis fiscal perdu au beau milieu de la mer des Caraïbes. Le temps d’une sieste et le soleil est de retour, montrant une eau presque aussi claire et bleue qu’à Bora Bora ! Notre première descente à terre nous reconnecte à la civilisation, même si curieusement le petit port de Georgetown qui reçoit des milliers de touristes chaque jour n’est pas du tout équipé pour accueillir une annexe. Au milieu des 400 banques et des touristes fraîchement débarqués des paquebots de passage, nous découvrons rapidement le supermarché du coin achalandé avec soin, et bien rempli de toutes sortes de produits frais en provenance direct des Etats-Unis. Les pamplemousses, poivrons et autres tomates ont des couleurs et des tailles à faire pâlir un agriculteur anti-OGM, mais on craque pour les fraises à la chantilly, sans complexe !

La découverte de Grand Cayman s’accélère avec la rencontre de Jérôme et Nathalie, des français d’origine installés ici depuis plus de dix ans, qui promènent tous les jours les touristes en hélicoptère au-dessus de l’île. Jéjé est cycliste et vauclusien, le courant passe immédiatement avec Bruno, et c’est en Porsche (!) que nous ferons les prochaines courses, avant un petit tour en hélicoptère pour vérifier de haut si Thetys est bien ancré. Vue imprenable sur les piscines, toboggans, et mini-golfs de nos paquebots voisins.
Mais vers 17h les touristes dégagent à grand coup de corne de brume, nous laissant les baignades et apéros au coucher du soleil dans un calme revenu très apprécié, et partagé avec nos nouveaux amis. Ce retour à la civilisation est l’occasion de reprendre le sport, vélo pour Bruno qui se bat un peu pour ne pas se laisser distancer par Jérôme entraîné, footing pour moi malgré la chaleur, et une belle plongée sur l’épave du Kittiwake. Ce navire de secours américain durant la 2ème guerre a été coulé ici il y a 2 ans pour le bon plaisir des plongeurs. L'eau n'est pas si claire, il y a peu de poissons, c’est une plongée très « Disneyland », mais nous ne boudons pas notre plaisir en remontant la coque et l’énorme hélice pour se retrouver à la barre ! Effet Titanic garanti !!!

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Enfin bien installés, nous découvrons la vie de marina « longue durée » et cosmopolite de Red Frog. Des américains, un texan (à ne pas confondre), des sud-africains, une brésilienne, une sri-lankaise, un espagnol, des polonais, des norvégiens, des hollandais… Des apéros, des dîners, des baignades, des lessives, du bricolage communs remplissent nos journées, le tout en anglais, histoire de progresser, encore et toujours. Chacun partage son savoir-faire, et c’est pour moi l’occasion d’améliorer mes compétences culinaires (s’il y en a besoin ?). Hans le norvégien, qui se révèle un spécialiste des sushis, me montre patiemment les techniques de découpage / collage / roulage nécessaires à la préparation de délicieux « rolls » que nous partageons le soir même en bonne compagnie. Quand à Di, sud-africaine d’origine sri-lankaise, ses parents cuisiniers lui ont transmis un sacré bagage qu’elle exploite dès qu’elle le peut, d’escale en escale, depuis leur départ avec Stephen d’Afrique du Sud. En plus d’être une remarquable cuisinière, elle a le cœur sur la main et nous fait découvrir à l’improviste ses curry aux légumes et curry au poulet, plats délicieux et bien épicés. Et comme elle est pro, une excellente crème caramel maison vient calmer nos bouches en feu. Quel talent ! Je réclame un cours de cuisine, et découvre la patience et le temps qu’il faut pour mijoter de si bons plats. Plus les bonnes épices. Plus l’expérience, le goût et le savoir-faire. On est un peu loin du compte en ce qui me concerne, mais je ne demande qu’à progresser ! Et nous partageons tous ces bons plats lors d’une soirée musicale, où Stephen nous fait découvrir ses talents à la guitare ! Je m’essaie à l’accompagner et ça se passe plutôt bien, décision est prise de m’y remettre sérieusement, encore une fois... Je n’oublie pas les soirées sangria – paëllas aux langoustes concoctées de main de maître par David notre voisin espagnol avec ses parents en visite, ni la remarquable caïpiroska brésilienne de Debora… La vie est dure à la marina Red Frog !
Finalement bien inspirée par nos voisins de ponton, je me lance, et vous pouvez découvrir ma recette de Cheesecake au citron (fameux dessert new-yorkais) sur notre site !


Et pendant que vous patienterez un peu en attendant les travaux photo de Bruno sur nos escales terriennes de cette saison cyclonique (avec des passages par New York et les chutes de Niagara notamment), nous soufflons la première bougie de notre nouveau départ, de Hyères, le 10 octobre 2012. Un an déjà, il est temps de faire un rapide bilan. Nous avons fait des rencontres qui marquent le voyage, notamment avec la bande du Cap Vert qui a dans sa grande majorité repris le chemin de l’école, avec l’envie forte de repartir. Quelques autres bateaux-copains nous précèdent dorénavant, ayant déjà basculé dans le Pacifique avec les requins au son du ukulele, mais nous prévoyons bien de les rejoindre sous peu. Et puis nous avons croisé sur notre route deux très belles escales, fortes, avec les îles du nord du Cap Vert, et Cuba, bien sûr. Quant au nouveau Thetys, il tient toutes ses promesses, et nous avons hâte de continuer à exploiter son potentiel !
La suite de notre programme devrait passer par le Belize puis les Bahamas, avant de revenir sur le canal de Panama au printemps prochain, direction la Polynésie qui nous attend ! Enfin, c’est l’idée du moment…

Nous voilà au ponton de la marina Red Frog, à Bocas del Toro. C’est tout proche de la frontière avec le Costa Rica, toujours sur la côte atlantique du Panama, et c’est là que Thetys va nous attendre sagement pendant nos quelques voyages en avion (!) des prochains mois.

La marina est très propre, accueillante, pas trop chère pour un long séjour, et complètement perdue dans la mangrove qui borde le sud de l’île de Bastimentos. Pas de route, juste une piste qui mène à la plage, pas de magasin, juste un petit restaurant qui sert de la nourriture locale : pollo con arroz y frijoles. Tous les soirs. Plus quelques pizzas, les bons soirs. Autour de nous c’est tout vert. Jungle verte qui abrite des singes et des paresseux, ainsi que les minuscules grenouilles rouges, plus quelques milliers de lucioles qui nous guident à la nuit tombée. Eau verte où pullulent des centaines de méduses (Stephen qui nettoie les coques des bateaux en sait quelque chose), et où se promènent quelques gros crocodiles la nuit, mais aussi des dauphins au lever du soleil.

Pour le ravitaillement c’est rustique : il faut prendre un « taxi boat » local (barque à moteur appelée « panga » par les locaux, qui hésitent entre l’espagnol panaméen et l’anglais des touristes) pour rejoindre le village de Bocas Town à quinze minutes. On y trouve quelques petits supermarchés (minimarkets) tenus par des chinois qui parlent espagnols, eux-mêmes ravitaillés une fois par semaine.  Fruits et légumes frais et locaux, viande surgelé en provenance d’ailleurs… je me mets à cuisiner avec les moyens du bord, tapant dans nos dernières réserves pour les bonnes sauces bolognaises.
Apparemment très apprécié par les jeunes surfeurs américains, les dépliants de l’office du tourisme de Bocas Town décrivent l’endroit comme paradisiaque. C’est clair que la baignade chaque soir à la plage à 10 minutes à pied de la marina fait rêver à l’heure où d’autres ont retrouvé leurs cartables…

Ils oublient juste de signaler deux  particularités : les pluies diluviennes de ces mois humides, soulignés par des orages monumentaux avec leur festival d’éclairs comme on n’en a jamais vu auparavant. Et les… nonos. Vous ne connaissez pas le nono ? C’est l’appellation polynésienne d’une sorte de moucheron quasiment invisible, pas plus grand qu’une tête d’épingle, qui passe dans les mailles des moustiquaires, est totalement silencieux, et dont les piqures sont très piquantes et mettent quatre à cinq jours à passer. Les moustiques, à côté, c’est de la rigolade !
Mais nous trouvons la solution, en déplaçant Thetys au bout du ponton, aussi éloigné de la mangrove (l’habitat de prédilection des nonos) que possible. Plus un investissement dans un ventilateur d’appoint, et seuls les plus résistants des nonos locaux arriveront désormais jusqu’à nous !

Nous quittons donc les San Blas pour rallier Bocas del Toro, où la marina Red Frog semble tout indiquée pour nous abriter dans de bonnes conditions. C’est une nouvelle occasion de tirer quelques bords avec Moana, l’Outremer 5X. Résultat Thetys « en a dans le ventre », ce qui est une performance pour nous vu la différence théorique entre les deux bateaux. Nous fêtons cela par un repas gastronomique où les compétences de chacun ont été optimisées : foie gras sur toast, pizza cubaine de Bruno, et fondue au chocolat en dessert !
Un stop par
Shelter Bay Marina (à l’entrée du canal de Panama) nous rappelle de bons souvenirs et nous donne le plaisir de croiser Phaedo, un Gunboat 66, sorte de fantasme de Bruno sur l’eau…
On quitte Moana, avec un nouvel au-revoir qui serre le cœur, même si c’est décidément impossible de s’y habituer, dans cette vie de voyage.


Pause déjeuner dans l’embouchure du Rio Chagres, endroit étrange envahi par la mangrove où nous nous sentons quelque peu à l’étroit, et seuls. Puis nous reprenons la mer, avec un stop reposant à Isla Escudo de Veraguas. L'alternance de petites plages et de gros blocs de pierre qui tombent dans l'eau sous la forêt vierge qui couvre ce côté sud de l'île nous change de paysage. Un joli spot de pêche selon Bruno. On finit la route jusqu’à Bocas del Toro sous la pluie, au moteur dans la pétole, ce qui nous laisse le temps d’arriver à la marina avec un bateau qui brille de propreté !

Enfin le bon créneau météo se profile pour rejoindre Panama à 4-5 jours d’ici plein sud, en évitant un mauvais coup de vent qui produit facilement une mer difficile sur les hauts fonds qui pavent ce cul de sac de la Mer des Caraïbes. C'est l'heure de quitter nos nouveaux amis, et aucun de nous ne fait le malin. Enfin moi si un peu parce que je l'avais bien vu venir... Embrassades, grands gestes de l'annexe, on y est. Mais ils ont gardé la surprise du chef pour l’heure suivante, quand toute voile dehors nous voyons approcher l’hélicoptère, piloté par Jérôme, et qui vient faire du rase-vague juste à côté de Thetys. Grandiose séquence émotion…


Et voilà, quatre ans après, les San Blas et plus précisément Holandes Cays apparaissent à l'horizon. Cocotiers, îles basses, temps gris et chaleur, l’effet de « retour » est bizarre. Moana (rencontrés à Cuba) est au rendez-vous, ainsi que leurs nouveaux copains : Lydia, Koantenn et Gex, entre autres, puisque les mouillages sont bien remplis par les bateaux de voyage en route pour passer le canal de Panama.
La vie de mouillage s'installe, version vacances : gym / yoga pour les filles de bonne heure sur les filets de Thetys, snorkeling, paddle, pêche, tentative de planche avec Johan, apéros et crabe party se succèdent avec plaisir pendant deux semaines vite passées.

Mais notre programme diverge des autres bateaux : nous avons décidé de rester une saison de plus pour profiter des Caraïbes avant de mettre le cap à l’Ouest vers la Polynésie. Seulement de juin à octobre il y a la fameuse saison cyclonique, pendant laquelle il ne fait pas bon remonter trop au nord (Mexique, Cuba, Arc Antillais sont touchés presque tous les ans). C’est pourquoi nous avons choisi de rester au Panama, en espérant que cette période ne soit pas trop synonyme de saison des pluies…

Baie de Georgetown, Cayman

Mouillage de Chichime, San Blas

Embouchure du Rio Chagres, Panama

Red Frog Marina, Bocas del Toro

Cuba - Cayman - San Blas - Bocas del Toro

NEWS du 30/09/13
CAYMAN - PANAMA - SAN BLAS