le VOYAGE DE THETYS
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NEWS du 01/05/14
BLEU BELIZE

Toute nouvelle escale commence par… une navigation. Pour changer du cap à l’Est des précédentes, c’est au Nord-Ouest de Carthagène que nous attend le Belize, à 900 milles.

Démarrage véloce où Thetys valide ses 200 milles en 24h dans une mer formée et agitée mais supportable. Après 48h de navigation rapide et fatigante, nous atteignons les eaux-fonds qui s’étendent au large de la côte du Nicaragua. Un plateau immense avec 20m de fond seulement, où la nav’ redevient du plaisir : spinnaker, gennaker, pancakes, longues heures de lecture, apéro (sans alcool) au coucher du soleil, on s’y attarderait presque…

La fin est plus difficile. Retour du vent et de la piscine à vagues. Version marmite. Thetys se trémousse pas mal, le rythme est haché, même la skipette en a plein les baskets. Comme quoi en mer rien n'est jamais acquis, et il faut savoir profiter des bons moments pour encaisser les moins bons.


Enfin la terre est en vue, les cocotiers et la mangrove des atolls extérieurs se dessinent sur l’horizon, et une trentaine de dauphins nous accueillent dans un ballet de bulles champagne... Le balisage est précis dans la passe d’English Cay Channel, cette large porte d’accès à l’immense lagon bélizien. Première vision du Bleu Belize sur lequel flottent quelques îlots paradisiaques, nous suivons les bouées vertes et rouges pour atterrir quelques heures plus tard à Robinson Island. Le bleu tire nettement sur le vert, le mouillage est bien protégé, idéal pour notre première nuit au calme. Nous y sommes !

Après la nav’, l’admin’ ! L’entrée étroite de la Marina Cucumber est barrée par une bosse de sable annoncée à 1m50 à marée haute. Ca tombe bien c’est pile la profondeur de nos quilles... Un resto occupe le bout du ponton, le reggae berce la marina, l'ambiance est rasta, sympa. 

Une demi-heure après, le défilé des autorités à bord commence. Quatre costauds envahissent le cockpit. Les procédures sont simples mais longues, et en anglais, langue officielle du Belize.

L'ambiance un peu coincée et officielle du début se détend. Nous n’avons rien à déclarer : ni munitions, ni arme à feu, ni passager clandestin, ou maladies cachées. Pleine forme et finalement tamponnés aptes à passer 1 mois au Belize, renouvelable. Custom, Immigration, Public Health, Agriculture, Port Authority, $200 et ils repartent avec le sourire.

La balade « en ville » nous tente. Sauf que Belize City, à 15 minutes en taxi, ex-capitale du Belize et 70 000 habitants, se révèle décevante, voire peu rassurante. Ville sale, rues défoncées, personnages peu avenants qui traînent avec les yeux explosés et nous arrêtent tous les trois mètres pour nous demander quelque chose dans un anglais qui roule les « r » plus que difficile à comprendre. D’après notre chauffeur de taxi les rues perpendiculaires sont des coupe-gorges, et nous ne nous attardons pas plus que le temps nécessaire pour dénicher trente bananes et quelques tomates.

Dès le lendemain, leçon n°1 : où comment naviguer dans les eaux peu profondes du vaste lagon du Belize...


On a bien potassé notre « Belize pour les nuls » : Google Earth, guides nautiques, cartes papiers, cartes électroniques, blogs d'autres bateaux... En réalité, les passes sont possiblement balisées de tripod et autres perches (stakes), avec des caps vrais à respecter, des waypoints faux à vérifier sur place, et des fonds qui remontent à 6-7 pieds. Et les cartes papiers ne sont d'aucune aide, avec une grande zone hachurée marquée "caution" sur une profondeur imprécise.


En tous cas, nous allons progresser en nuancier de lagon : du vert au bleu, foncé ou clair, marron parfois, sombre quand un nuage s'intercale, l'échelle reste à définir, tester, et valider pour que le mois à venir ne laisse pas de marque sur les quilles de Thetys.

Caye Caulker.

Le cadre est paradisiaque : la grande baie-piscine turquoise est bordée par le village, qui plus loin cède la place à une végétation luxuriante où quelques pontons privés se dessinent, menant à ce qu’on devine être de florissantes villas. Sans vent, le mouillage se transforme en lac, et un vol de trois raies passe à quelques mètres du bateau dans cette piscine. Un dauphin croise un peu plus loin…
La visite à terre confirme cette première impression : pas de route mais des pistes en terre ou sable, pas de voiture mais des vélos et des voiturettes de golf électriques, pas de Mac Do mais des pizzas rastas et des ceviches en terrasse sur la mer. Les locaux appâtent les touristes vers des tours organisés et vendent des fruits et légumes locaux dans la rue, les chinois tiennent les supérettes, les touristes flânent en tongs, ambiance décontractée que nous savons apprécier.


A l’Est de Caye Caulker, la barrière de corail protège le lagon. Nous attachons l’annexe sur les bouées où sont déjà amarrées quelques barques de touristes. Le nœud est à peine serré que les premières raies nagent vers nous, accompagnées de... requins dormeurs. Gloups. Bruno file à l'eau, j'hésite, pourtant vu le nombre de touristes qui barbotent, ça ne doit pas être trop dangereux. N'empêche les requins se baladent. Au pied d'une des barques, une forêt de jambes (non palmées) piétine un tas de raies et de requins non identifiés. Les cris perçants de quelques filles sans doute amatrices des « Dents de la Mer » font bonne mesure. Si l'une d'elles se fait croquer ça ne fera pas plus de bruit. Heureusement les requins doivent avoir l'habitude de servir de paillasson, et le plus belliqueux dans l'histoire est un barracuda de belle taille qui barbotte discrètement autour et cherche à chopper les pattes des pélicans qui pataugent prudemment.

Bruno me propose de toucher un requin, qui a la peau dure et très râpeuse, d’après sa toute récente expérience. « Non ». « Mais si, pour te désinhiber »... « Non, je veux pas me désinhiber » ! Finalement la GoPro (caméra sous-marine) et l'absence visible de risque sont un bon moyen d'oublier la peur, et nous poursuivons la danse et l'observation avec grand plaisir, tout en restant à distance mesurée. Mémorable moment !!!

Goff’s Cay, RDV Cay, Tobacco Cay, Skiff Sand, autant de mouillages « cartes postales », plus ou moins abrités, plus ou moins rouleurs, mais toujours paradisiaques. Nous partons à leur découverte des 50 milles qui séparent Caye Caulker de South Water Cay. C’est extrêmement facile de naviguer dans ces conditions, avec un petit vent travers sur un lac, si l’on respecte les horaires du soleil haut, soit entre 10h et 15h.


Chaque journée est l’occasion d’un nouveau snorkeling, la caméra et l’appareil photo sont de sortie, et même le fusil lorsque nous nous aventurons côté grand bleu. Toutes les zones intérieures au lagon sont des réserves naturelles, les gardiens veillent, et font des milles et des milles au moteur pour vérifier qu’on ne chasse pas en zone interdite. Ils en profitent pour nous prélever 5USD par jour et par personne quand ils nous trouvent. C’est juste dommage que notre argent ne serve pas à aménager les mouillages avec des bouées pour protéger les fonds, absentent puisqu’apparemment les pêcheurs les volent…



La météo se rappelle à notre bon souvenir avec un p’tit coup de nord, comme à Cuba. En quelques heures, le vent passe du Sud-Est au Nord (via l’Ouest), et de 10 à 35nds. Avis aux amateurs de mouillages peu protégés sur la barrière… Nous préférons les îles couvertes de mangrove qui offrent de bons abris. Bluefield Range, puis Hutson Cay dans les Fly Range, et enfin Blue Ground Range nous hébergent ainsi le temps de laisser passer le mauvais temps.

South Water Cay, où la réalité rejoint notre imaginaire.

Mouillage d’anthologie : quatre bateaux dans la piscine, la barrière de corail à trois minutes d’annexe, deux passes pour sortir taquiner le grand bleu, et le spot « aquarium » devant Ellen Cay. A l’Est les levers de soleil derrière les cocotiers, à l’Ouest les couchers de soleil qui découpent le relief de la côte du Belize.

Le snorkeling à l’extérieur du reef est grandiose dans 5-6m de fond à l'architecture de cathédrale. Un gros mérou tombe sous la flèche de Bruno, et la valse du grand bleu nous avale : requin dormeur, rascasses, bancs de pagres, de barras, de petites carangues, poissons anges virevoltants... Trois raies léopard dansent sous nous, l'une me prête brièvement son rémora, que Bruno m'aide à lui restituer... Sans façon !

Le Belize est avant tout réputé pour ses atolls, posés à une vingtaine de milles à l’Est de la barrière de corail. Curieux, nous prenons la route du sud de Glover’s Reef par une belle matinée de calme plat.

Le mouillage de South West Cays s’avérant rouleur, nous remontons l’atoll direction Long Cay : une heure de moteur dans le lagon truffé de patates contournées patiemment, Bruno en vigie à l’avant m’indiquant les tours et détours à faire. Pas sûr que ce labyrinthe tortueux ait une sortie, mais nous arrivons finalement sans souci à destination.
Bruno est déjà dans l’annexe avec petit fusil et appareil photo, et revient du "plus beau snorkeling de sa vie" avec une jolie langouste ! Quant à moi, c'est enfin l'heure de plancher, dans les 17nds de vent qui aèrent le mouillage. Spot DeLuxe pour une session de rêve ! Le bord retour à bloc clapot dans le dos légèrement abattue pour finir par des jibes d'anthologie dans la piscine de l'hôtel (et sous le regard perplexe des vacanciers) est fabuleux, je me régale.

Un petit tour à terre pour découvrir cette destination de vacances peu connue des français : nous visitons les 2 "adventure camp". L'un est spécialisé plongée, l'autre activités marines en tous genres, très équipé avec ses kayaks de mer, paddle, planche à voile... L'eau vient de la pluie, l'électricité du vent, les clients des US, la nourriture du ravitaillement du samedi, l'internet du ciel par satellite. Presque autonomes ! L’île est couverte d’un joli mélange de jungle domestiquée, très authentique et bélizien, réussi !


Après quelques jours dans ce paradis pour amateurs de coins perdus de toute beauté, le vent se calme enfin, autorisant une sortie du lagon par la passe qui déferlait et nous gardait prisonniers, tout à fait contre notre gré !!!

Direction LightHouse Reef, 35 milles au nord de Glover’s, où nous attend LE monument national du Belize, le must des Unbelizable : le Blue Hole (trou bleu) !!! Pour ne pas gâcher, la petite navigation sous voile se termine par une dernière longue glissade de Thetys sous le vent du reef, à l’extérieur donc sans patates et sans une vague, casque sur les oreilles et la skipette à la barre. Pur plaisir !!!

Blue Hole Day


Introuvable, invisible, indescriptible…

Quelque part au milieu du lagon de Light House Reef, un trou bleu nous attend. Mythe pour plongeurs en quête d’originalité, curiosité géologique locale, ou incontournable pour tourdumondiste en visite au Belize, nous décidons de vérifier par nous-mêmes en mettant le cap sur la position 17°N19 – 87°W32.

A peine signalé par quelques perches, c’est seulement lorsque nous sommes à moins de deux cent mètres que nous le distinguons. Rapidement hissé en haut du mât, Bruno capture la photo « vu du ciel » qui décrit mieux ce grand cercle bleu foncé, entouré de hauts-fonds verts et jaunes, avec les deux passes pour y accéder en annexe.

Nous y sommes !

Pressés et enthousiastes, nous repoussons le déjeuner pour une incursion en apnée qui ne peut plus attendre. Equipés de nos palmes, masques, tubas, caméra et appareil photo étanches, il faut bien ça, nous visons la marche sous-marine qui borde le trou proprement dit, à une quinzaine de mètres de fond. Au-delà c’est sombre et profond d’une centaine de mètres. A la mise à l’eau, quelques gros poissons forment le comité d’accueil. Postés sur la marche, les gardiens du temple sont d’une autre trempe : 1 puis 2, puis finalement 5 ou 6 gros requins gris nous observent dans notre descente. Nous les apercevons au dernier moment, stoppés net dans notre apnée touristique… Demi-tour, puis surveillance en surface. Ils sont curieux, avec probablement l’habitude des plongeurs, ce qui ne nous empêche pas d’être inquiets, seuls au menu du jour...

Calmés par ce plouf mémorable, et pour que le plaisir soit complet, un petit vent se lève au matin, suffisant pour gréer ma planche… Le photographe est motivé, et je me paie une belle séance photo avec quelques jibes dans le grand bleu du Hole.

Déjà un mois que nous explorons le Belize, de mouillages paradisiaques en atolls mythiques, de snorkeling exceptionnels en séances de planche magiques, l’estomac rempli de langoustes et poissons en tous genres.

Le temps passe vite, Mexique puis Bahamas sont encore à notre programme avant le début de la saison cyclonique en Juin, nous décidons de mettre le cap au Nord. Un coup d’œil à la carte, Placencia qui a bonne réputation sur les blogs des voyageurs sera notre port de sortie.

Effectivement le mouillage est très joli et abrité, idéal pour un peu d’administratif ou de ravitaillement. Tongs aux pieds et dollars en poche, c’est parti pour un trip annexe – marche – water taxi – taxi et retour par le même chemin, le temps de visiter les bureaux de l’immigration, du Port Authority, enfin de la douane. Après quelques heures nos passeports sont tamponnés et nous sommes libres de quitter le Belize !

Cette escale aura été un vrai coup de cœur, loin des circuits classiques qui parcourent l’Est des Caraïbes. Avec Cuba toute proche explorée l’an dernier, et le Mexique ou les Bahamas à venir, ce « fond des Caraïbes » mérite amplement d’y consacrer quelques mois, et ce malgré les navigations difficiles et les milles à parcourir pour se les offrir !

Il y a foule dans la piscine par ce bel après-midi : un lamentin sonde à quelques mètres de nous, deux dauphins nous croisent dans de sereines ondulations, des raies fuient devant nos étraves, un catamaran fait route dans l’autre sens, clignotant pour doubler un monocoque sous voiles, et un train de quatre barges tractées par un petit remorqueur glisse au poutt poutt de son moteur. Ça bouge !

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