le VOYAGE DE THETYS
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NEWS du 20/05/14
MEXIQUE

Etes-vous plutôt Maya ou Aztèque ?

Nouvelle nav’, nouvelle destination, Thetys continue sa remontée de la côte Ouest des Caraïbes.
Partis du Sud du Belize, il nous faut un peu plus de 24h pour rallier
Puerto Aventura sur la côte mexicaine, poussés par un Gulf Stream très efficace. Début d’après-midi, Thetys appréhende l’entrée de la marina, étroite et scabreuse. A l’intérieur c’est Disneyland, dans ce complexe ultra touristique qui abrite autant de dauphins que de bateaux. Très peu de voiliers, beaucoup de palmiers, de petits immeubles dans un style hispanisant, des restaurants bariolés, des superettes clinquantes où l’on ne trouve que des chips et des boissons… une atmosphère « à l’américaine » bien propre et chic qui va nous servir de camp de base pour cette escale terrienne. Plein de gasoil, puis les papiers d’entrée sont vite expédiés via un agent qui nous amène directement les autorités au bateau. Simple et efficace pour un budget très raisonnable.

Qui dit terre dit… véhicule. Un étrange sentiment de liberté nous étreint lorsque nous devenons les heureux locataires d’un pot de yaourt japonais ! Avec notre petite asiatique cinq fois plus rapide que Thetys (!), nous partons à la découverte du voisinage : la station balnéaire de Playa del Carmen. Rien de tel pour se mettre dans l’ambiance mexicaine que de déambuler à la nuit tombée le long de la fameuse Quinta Avenida, où s’entassent bien alignés têtes de mort en céramique et chapeaux mexicains multicolores, tee-shirts criards vantant les vertus de la porte voisine : les bars à tequila. Au diapason après quelques margaritas bien dosées, nous dégustons une « carne argentina » en terrasse pour observer la foule écrevisse qui brasse de bars en restaurants, interpellée par les vendeurs de souvenirs.
Enthousiastes, nous dessinons notre futur plan de route touristique. Au programme des prochains jours : l’ascension des temples mayas et aztèques du Yucatan, la plongée au cœur de mystérieux cénotes, les escales nocturnes dans des villes coloniales aux noms évocateurs, Merida et Valladolid… Sans oublier Cancun, la Mecque mondiale (avec Ibiza) des « dance party » jusqu’à l’aube !

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Direction Coba, notre première visite de temple maya. Très bonne surprise, nous sommes quasiment seuls pour explorer ce site éparpillé au cœur de la forêt tropicale. Le parcours s’explore à pédales, au choix vélos ou triporteurs ! Les tunnels verts débouchent sur des espaces à peine dégagés de la végétation environnante et envahissante, où se dressent les fameuses pyramides. La plus haute du site domine le paysage de ses 32 mètres. Nouvel étonnement, ici on peut escalader les ruines archéologiques ! En se hissant sur des escaliers bien raides et presque d’époque, les touristes atterrissent en haut essoufflés après plusieurs pauses. Les tongs glissent sur les blocs polis par le temps. Et la grosse corde tressée arrimée sur toute la hauteur des marches sert à la descente, pour les prudents qui glissent leurs fesses de l’une à l’autre, agrippés à cette ligne de vie qui les ramènera sur la terre ferme.

Dès le lendemain, nous enchaînons  avec le site de Ek Balam. Toujours personne sur la route, et le parking est presque vide. Cette fois nous nous adjoignons les services de Juan, pour mieux appréhender toutes ces vieilles pierres : nécropoles, stèles, lieux de vie, de sacrifice, de vénération, mythe ou réalité... Notre guide particulièrement bavard (en anglais) a participé aux fouilles sur les ruines. Après deux heures de visite, les mayas n’ont presque plus aucun secret pour nous : leurs coutumes, leur vie, leur religion, leurs peurs et même leur pseudo-disparition… sous réserve d’adhérer à l’une ou l’autre de toutes ces théories contradictoires. S’entremêlant à volonté, elles ajoutent un charme indéfinissable au flou historique, renforçant ainsi l’atmosphère un peu surnaturelle !

Architecturalement, le lieu est impressionnant, avec notamment son édifice principal : comme une grande habitation perchée en hauteur, pour échapper à quoi ? Nous avalons les marches jusqu'au sommet, laissant Juan soigner son vertige à mi-hauteur. Curieusement trois autres monticules de végétation recouvrant d'autres ruines à quelques centaines de mètres à peine n'ont même pas été touchés lors des recherches précédentes. Juan explique le manque de moyens, même internationaux. Les mystères mayas ne sont pas près d’être éclaircis, et c’est tant mieux pour nous, ajoutant à l’enchantement palpable.

Arrivés en fin d'après-midi à Valladolid, nous traversons des faubourgs sans aucun charme jusqu’au petit centre articulé autour d'une grande place calme et arborée, typiquement sud-américaine. De l’autre côté siège l’une des six églises remarquables de la ville, la spécialité locale apparemment. Le charme opère, et la Meson de Marquez nous accueille pour un budget très raisonnable, sur la place même. Impec pour cette première nuit loin de Thetys depuis quatre mois !

Voisin de quelques kilomètres, le cénote Xkeken du site de Dzitnup prend toute sa dimension lorsque nous nous enfonçons dans les entrailles de la terre. Une volée de marches nous éloigne de la chaleur habituelle des terres brûlées, remplacée par la fraîcheur et les ploc-ploc aqueux… Un virage plus loin, la lumière tombe du ciel à travers un trou végétal, éclairant une piscine naturelle qui baigne la grotte. Entre bleu profond et bleu glacier, nous plongeons dans l’eau qui nous saisit. Apnée dans ce bassin minéral où s’égouttent les stalactites dégoulinant des racines des arbres poussant à l’étage du dessus. Surréaliste !


Mérida, notre point de chute suivant sur la carte aux trésors s’avère décevante. Le centre un peu touristique et historique est noyé au milieu des rues populaires. Où gens et voitures circulent en masse dans des embouteillages parfumés au gaz carbonique. Et où klaxon et cris s’additionnent à une chaleur sèche et étouffante. Saturés par le bruit de cette foule, nous ne nous attardons pas plus que la nuit prévue.


Prochaine étape, Uxmal. Changement de dimension : la vertigineuse pyramide qui marque l’entrée du lieu nous entraîne vers une vaste place cernée par quatre longs bâtiments particulièrement bien restaurés. Portes mystérieuses, fresques mêlant dieux et diables, notre imagination ajoute la foule qui devait se presser les jours de célébration… ou de sacrifice… Au loin, avec la distance qui sied à son rôle, le palais du gouverneur domine la scène et donne la mesure de sa probable puissance politique et religieuse, forces d’époque, et toujours d’actualité !

A la recherche d’un des plus beaux cénotes du Yucatan, nous nous égarons sur de toutes petites routes. L’occasion de visiter la pampa, bien pauvre apparemment. Dos d'ânes rédhibitoires et stades  de foot signent l'arrivée dans chaque village, même les plus petits. Quelques ombres s’abritent à l’entrée de petites maisons format cube de bétons, les hamacs oscillent, c’est l’heure de la sieste dans ces hameaux assoupis. Nous improvisons un déjeuner chips et iced tea dans une station service, faute de trouver autre chose ou de vouloir s'aventurer dans l'ultra-local, l'estomac de Bruno est déjà en petite forme.

Rejoignant enfin une voie notée sur notre photocopie de carte pseudo-routière, l'expression "c'est tout droit" prend tout son sens. Les routes mexicaines tracent des lignes droites interminables, et quand enfin arrive un virage pour rompre la monotonie, il est indiqué un kilomètre à l'avance, souligné durant toute sa courbure par des panneaux jaunes inratables. Difficile de ne pas s'endormir et nous nous relayons au volant. 90km/h sur les petites routes ou quatre voies, 110km/h sur l'autoroute, pas un chat, notre pot de yaourt s'envole !


Pour parfaire notre exploration des sites archéologiques de la péninsule du Yucatan en mode crescendo, nous visons Chichen Itza.  C’est la star des cartes postales, où des milliers de touristes se pressent au pied d’une pyramide imposante. D’aussi bonne heure que possible, nous passons le portillon d’une entrée secondaire, motivés pour photographier ce monument sans personnage contemporain à gommer ultérieurement. Autour de nous, les guides papotent en arrivant tranquillement. Suivant les étals des vendeurs de souvenirs qui s’installent progressivement, nous posons enfin les yeux sur ce temple de la civilisation maya. Presque seuls pour profiter de ce lieu envoûtant sous une belle lumière matinale, nous apprécions la majesté de l’endroit dans toute son intimité ! Un petit tour de l’édifice fournit une explication sur l’incroyable restauration qui a eu lieu. Chaque face montrant un état un peu plus avancé, du tas de pierre informe couvert de végétation aux grandes marches carrées de la face Nord, accès direct à un autre monde…

Un petit tour sur le reste du site le temps que les autocars se déversent après plusieurs heures de voyage pour certains, et nous nous extirpons du début de cohue emmenée par des guides volubiles, repus de ces beautés mystiques.

Mexico City se décline en quelques jours et en famille : visite du Centro Historico, ses rues animées par les visiteurs en ce week-end de Pâques, sa tour pour la vue panoramique, ses ruines de centre ville, son marché local… Un peu plus loin, nous marchons de la place de la Révolution au parc de Chapultepec, îlot de verdure bienvenu qui conduit directement à l’immense musée d’anthropologie. Un peu plus Sud, les quartiers de San Angel et Coyocan sont bohèmes, bourgeois, bobos donc ! Nous les arpentons durant des heures au calme et à la fraîcheur des rues ombragées par les murs d'enceinte des belles maisons mexicaines. Autre population…

A une cinquantaine de kilomètres au nord, le site archéologique de Teotihuacan est gigantesque, posé sur une plaine aride. De là se dessinent les contreforts rocheux qui cernent le vaste plateau où s’est construite la capitale mexicaine. Imposant chaleur et pollution malgré sa situation à 2400 mètres d’altitude. Temples du soleil et de la lune dominent ce vaste site réparti le long de son « Allée des Morts », sans doute trop grand pour garder le charme des Coba et autres Uxmal appréciés dans la péninsule du Yucatan…

Cancun : ou comment passer de la culture à la fiesta. Envie de se lâcher un peu, beaucoup… Direction cette zone ultra-touristique concentrée sur une bande de terre séparée de la ville par une lagune couleur de terre séchée. Un grand lac qui hésite entre le vert mangrove et le marron vase abrite… des crocodiles mexicains. De nombreux panneaux le long de la route signalent le fait aux fêtards oscillants du petit matin rentrant dangereusement à leur hôtel, s’ils sont encore en état de lire…

L’hôtel est international à souhait. Mais le plus inhabituel est sa communauté d’américains bruyants et mutants dotés d’un appendice porte-bière qui vivent dans la piscine ! La bonne humeur est là, les kilos en trop tatoués aussi, ils font la fête 24h/ 24 : le ton est donné.

La nuit venue nous prenons la direction du Coco Bongo, célèbre discothèque incluant un show très « Las Vegas ». Un shot de tequila vite enfilé au passage de l’entrée, et nous voilà transpirants dans la chaleur de la nuit mexicaine et l’entassement de tous ces corps polyglottes agités de tremblements compulsifs sur fond de basses prégnant et de lumières laser. Nuit de folie. Trois heures du mat’, ivres de bruit ou d’alcool, va savoir, nous reprenons le chemin de notre lit, en taxi pour éviter l’option croco !


Retour au camp de base, Thetys n’a pas bougé de sa chouette et chic marina, nous attendant sagement. Toujours agréablement surpris par la gentillesse des mexicains, et complètement abasourdis par les prix pratiqués ici, nous remplissons quelques caddies de supermarché de produits nord-américains pour un budget dérisoire.

Nous profitons d’une dernière soirée à « Playa », option tardive : à partir de 22-23h, la Calle 12 se remplit de fêtards qui se glissent lentement d’open bars en discothèques à ciel ouvert. Tous déversent leurs musiques dans la rue à un rythme effréné. Gobelets à la main, saturée de décibels et de chaleur, la foule compacte circule, danse, saute. L'oreille gauche ne bat pas au même tempo que la droite, mais les degrés d’alcool accordent le tout dans une cacophonie surréaliste. On aime !!!


Il est temps de nous remettre en route, direction le Nord de la péninsule du Yucatan, puis l’Est en longeant la côte Nord de Cuba, pour rejoindre enfin les Bahamas et de grandes retrouvailles préméditées avec nos amis du bateau Milo One. Le créneau météo y est à peu près, l’occasion est trop belle d’aller vérifier à quoi ressemble le combat Gulf Stream contre fin d’épisode de vent de Nord.

Après une dernière nuit maya dans les eaux turquoise à Isla Mujeres, escale providentielle avant le grand saut navigateur, nous quittons le Mexique remplis de sensations singulières et un petit goût de revenez-y !!!